Rencontre avec une belle en tutu jaune.

Jonquilles : une fleur de prairie qui se cache en forêt.

Fleur de lumière, la jonquille vit en accéléré avant l’arrivée des feuillages. De l’Espagne aux Vosges, sa floraison refait chaque printemps le chemin parcouru depuis la dernière glaciation.

Les jonquilles (Narcissus pseudonarcissus) sont les premières à faire leur apparition à la fin de l’hiver. Elles n’ont même pas besoin que les beaux jours s’installent et réchauffent durablement le fond de l’air pour laisser éclater leur corolle et peindre en jaune d’or les sous-bois. C’est que la jonquille a des réserves. Au moindre signe annonçant la fin de la mauvaise saison, son bulbe lui permet de démarrer au quart de tour.

Les jonquilles poussent sur de nombreux types de terrains, les botanistes disent que c’est une espèce ubiquiste. Elles affichent toutefois une nette préférence pour les sols acides et humides où elles fleurissent par milliers.

En altitude, la jonquille se rencontre sur les prairies de fond de vallée. Les peuplements y sont très abondants et particulièrement spectaculaires.

En plaine, la jonquille se rencontre presque uniquement en forêt, principalement le long des ruisseaux, sur les sols argileux gorgés d’eau que les spécialistes qualifient d’hydromorphes.

Mais alors que fait-elle dans les bois ? Pourquoi est-elle venu s’y installer puisque les conditions ne lui sont pas favorables ?
" Et bien justement elle n’y est pas venue ", répond Jean-Paul Ferry, " ce sont les forêts qui l’ont rejointe ", lance, énigmatique, le naturaliste. " Après la dernière glaciation, la jonquille a commencé relativement tôt sa progression vers le Nord, en partant d’Espagne.
" Elle s’est installée dans des milieux ouverts ", explique le botaniste. " Dans ces prairies, il y avait déjà des arbres, des bouleaux et des pins sylvestres. Plus tard le chêne est arrivé. Mais les boisements sont restés suffisamment clairs pour que la jonquille puisse encore étendre son aire de répartition ", poursuit-il.